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La dévaluation de la monnaie : tout savoir sur ses impacts

Le 10 janvier 2022 - 8 minutes de lecture
Dévaluation de la monnaie

La dévaluation monétaire, un sujet qui peut vous sembler familier vu qu’il est abordé en cours d’économies au lycée et à l’université. Il s’agit d’une baisse de taux de change vis-à-vis d’une devise de référence. Attention, il ne faut pas la confondre avec la dépréciation monétaire. Malgré le fait que la dévaluation procure de nombreux avantages, celle-ci peut également engendrer des conséquences non négligeables. Faire le point sur ce concept s’avère donc être une alternative intéressante pour vous éviter les mauvaises surprises. Ainsi, vous serez mieux positionné sur les marchés financiers.

Quelles différences entre la dévaluation et la dépréciation monétaire ?

Une dévaluation et une dépréciation monétaire sont deux notions presque similaires. Afin de faire la différence entre eux, il vaut mieux faire une petite comparaison. Voyons cela de plus près :

La dévaluation monétaire

La dévaluation (ou réévaluation) de la monnaie désigne une baisse de la valeur d’une monnaie par rapport aux autres. Ce sont les autorités de monnaie ou la banque centrale d’une nation (ou d’une zone de monnaie) qui ont le droit de l’employer. Ces acteurs financiers exploitent cet outil de politique monétaire de manière délibérée et intentionnelle dans les régimes de change fixe ou semi-fixe.

Une dévaluation monétaire a eu lieu lorsque les banques centrales et les autorités monétaires prennent l’initiative d’abaisser leur taux de change vis-à-vis d’une devise de référence. Autrement dit, celle-ci représente un instrument de politique monétaire.

Pourquoi les autorités monétaires et la banque centrale doivent-elles faire recours à une dévaluation ? Dans un système de changes fixes, ces derniers sont effectivement dans l’obligation d’employer cette méthode lorsqu’ils font face à une insuffisance de réserves de change ; ce qui peut nuire à la conversion de la monnaie à un taux défini.

Dans la politique économique, la dévaluation sert également à réaliser une relance de croissance grâce aux exportations et au rééquilibrage de la balance commerciale.

Notons que la dévaluation n’est praticable que dans un système de changes fixes. Dans de tels régimes, le cours de change est fixé et indexé vis-à-vis d’un « étalon » de référence. Il s’agit de l’unité de mesure commune à toutes les monnaies. L’étalon de référence comporte une devise, un panier de monnaies ainsi qu’une matière première (or, argent, etc.).

À titre d’infos, la BCE (banque centrale européenne) représente une institution indépendante qui prend en charge l’émission de la monnaie « euro ». Dans la zone euro, c’est elle qui définit les grandes orientations de la politique monétaire et de change. Dans l’intervalle de 1928 jusqu’à 1983, l’État français a mis en place 17 dévaluations du franc. Sa visée principale est d’améliorer la balance commerciale du pays tout en renforçant sa compétitivité économique. Et depuis 1983, la France n’a subi aucune dévaluation.

La dépréciation de la monnaie

À l’inverse de la dévaluation, la dépréciation indique une baisse indélibérée de la valeur d’une devise. Ce type de dévalorisation est donc incontrôlable et imprévisible par l’État et l’autorité monétaire concernés.

On dit qu’il y a une dépréciation monétaire lorsque la valeur d’une devise s’avère être en baisse alors que les autorités monétaires n’ont rien fait ni n’ont rien déclaré. Plusieurs raisons peuvent être à l’origine d’une dépréciation. Cela implique : le déficit commercial, la récession, et l’émission de monnaie par la banque centrale. Il se peut également que les investisseurs internationaux n’aient plus confiance à un pays pour honorer la dette extérieure ou pour entreprendre de grands changements structurels. Autrement, elle peut être causée par des évolutions économiques adverses.

Sachez que les régimes de taux de changes flottants (ou flexibles) peuvent faire l’objet d’une évolution de la valeur de la monnaie, mais cela dépend de l’offre et de la demande sur le marché des changes.

Quels sont les avantages de la dévaluation monétaire ?

Une baisse volontaire de la valeur monétaire vise à aider un pays à améliorer sa compétitivité. Rappelons aussi que la dévaluation a une influence directe sur la balance commerciale d’un pays, sur les importations et les exportations, ainsi que les prix des biens distribués dans le pays (exportés/importés).

  • Grâce à la dévaluation, les exportations sont plus compétitives. Plus la devise est faible, plus le prix des produits exportés baisse. Ipso facto, ces produits deviennent plus accessibles et le nombre de consommateurs augmente de plus en plus. Ce qui implique un accroissement des quantités vendues à l’étranger.
  • Un autre avantage, cette réévaluation réduit le déficit commercial d’un pays. En effet, les produits d’exportation sont à bon compte tandis que ceux d’importation deviennent plus chers. Cela entraine l’augmentation des demandes externes, la baisse de volume des produits importés et bien sûr la réduction du déficit commercial.
  • Du fait que la dévaluation augmentait le prix des produits importés, les salaires sont revus à la hausse. Le but est d’apporter des améliorations au pouvoir d’achat des consommateurs. Et par la même occasion, cela peut limiter les impacts de l’inflation en rapport avec la dévaluation.

Prenons, comme exemple, la dévaluation de la livre sterling par le gouvernement britannique. Cette devise est indexée sur le dollar américain selon le régime de change fixe en vigueur. De 1966 à 1968, cette baisse volontaire de valeur monétaire a porté ses fruits : un taux de croissance annuelle de 5,4 % (contre 1,6 % avant) avec une inflation de 4,65 %.

Quels inconvénients peut-elle présenter ?

Malheureusement, la dévaluation présente des fâcheux désagréments qui peuvent impacter non seulement les marchés financiers, mais également le bien-être des consommateurs. Et dans les pires des cas, cette baisse délibérée de valeur de monnaie peut avoir une mauvaise influence sur l’efficacité des industries locales à moyen terme. Voyons cela en détail :

  • Les importations deviennent plus chères. Rappelons que le prix des produits exportés est devenu moins cher grâce à la dévaluation. Mais par la même occasion, le prix des produits importés augmentait encore plus. Cela engendre un impact négatif sur le pouvoir d’achat des consommateurs. Mais le bon côté des choses réside dans le fait que la consommation des produits locaux va augmenter.
  • À cause de la dévaluation, la hausse de l’inflation est beaucoup plus importante. Cette pression d’inflation est due aux prix des produits importés qui s’avèrent être plus élevés. À cela s’ajoute également l’augmentation de la demande des produits exportés. Ipso facto, il y a une baisse considérable de la consommation intérieure.
  • Les industries locales sont moins compétitives. En effet, ces derniers sont consolidés par l’augmentation du prix des produits importés. Et vu la vulnérabilité de la concurrence extérieure, les industries locales peuvent devenir moins efficaces et moins productives à moyen terme.
  • Les consommateurs dans la zone monétaire sont dans l’obligation de payer des prix plus importants qu’habituellement pour bénéficier des biens et services importés. Cela ne fait que réduire encore plus leur bien-être.
  • Ces effets néfastes touchent notamment les entreprises qui dépendent largement de biens et services importés. Si, en cas de dévaluation, elles veulent garder les mêmes marges de bénéfice, elles seront dans l’obligation d’augmenter leurs prix.
  • Les impacts négatifs de la dévaluation sont encore plus importants pour les petits pays qui ne disposent pas des produits nationaux équivalents aux produits étrangers. Il en est de même pour le pays dont le système d’indexation des salaires reste automatique au niveau général des prix.
  • Si un pays décide d’entreprendre une dévaluation monétaire, cela incite les autres pays concurrents à faire autant. Ce qui provoque une course à la réévaluation compétitive et par la suite un risque d’appauvrissement pour tous les protagonistes.
  • Dans le cas où une devise de réserve très utilisée (comme le dollar américain) fasse l’objet d’une dévaluation, ce dernier perd son statut et les capitaux internationaux vont se pencher vers d’autres monnaies. Il y a donc un risque de surévaluation.

Marie

Responsable éditoriale du site SEOTECH